Paolo Caliari surnommé communément Véronèse est un des plus grands maitres de la peinture vénitienne du XVIème siècle avec Titien et le Tintoret. Présentation de cet artiste maniériste, coloriste et spécialiste du trompe l’œil.
Sommaire
La vie de Véronèse
Paolo Caliari est né en 1528 à Vérone, ce qui lui vaut son surnom de Véronèse. Il travaille jeune avec son père architecte à Rome mais se tourne très vite vers la peinture. Influencé par les artistes de Vérone et de Rome, mais aussi par ses débuts en tant qu’architecte, il affine son style élégant et se spécialise dans la décoration de palais, maîtrisant à merveille les perspectives et les couleurs.
Des débuts prometteurs de Véronèse à la consécration (1548-1560)
A l’âge de vingt ans, il est déjà reconnu et quitte Vérone pour réaliser des œuvres dans toutes l’Italie. Il décore de nombreuses villas, églises et cathédrales.
Il s’installe à Venise en 1552 pour réaliser une œuvre, la Conversation Sacrée, dans l’église San Francesco della Vigna.
L’année suivante, il réalise la décoration de la petite église San Sebastiano sur laquelle il travailla de nouveau en 1555 et qui devient un des lieux les plus symboliques du peintre.
En 1553 Véronèse est nommé peintre officiel de la République de Venise. Il participe à l’ornement des salles du Palais des Doges et notamment les fresques de la salle du Conseil des Dix.
Il réalise également la décoration du plafond de la Bibliothèque Saint-Marc avec les autres grands maîtres de l’époque, Titien et le Tintoret.
Son travail sera fortement influencé par la découverte des œuvres de Michel-Ange et de Raphael lors de son séjour à Rome en 1560.
La maturité Véronèse (1560-1575)

De retour à Venise, Véronèse jouit d’une grande popularité qui lui offre la possibilité de réaliser des fresques pour des églises mais aussi pour des palais. L’une des œuvres les plus célèbres du maître est la décoration de la villa de la famille Barbaro construite par l’architecte Andrea Palladio. Véronèse y réalise des fresques monumentales et des trompes l’œil incroyables.
Il réalise en 1562 sa plus célèbre œuvre, les Noces de Cana pour le réfectoire du monastère de l’île de San Giorgio Maggiore. Sur cette peinture de plus de dix mètres de large, il représente un banquet regroupant une centaine de personnages, dont certain de ces confrères le Tintoret et Titien mais aussi son propre autoportrait.

Une autre œuvre de Véronèse est célèbre : le Repas chez Lévi. Initialement intitulé « La Cène » ce tableau représente le dernier repas du Christ mais se voit contraint par le tribunal de l’inquisition de reprendre certains détails qui ne sont pas en accord avec les textes sacrés. Il refuse de supprimer certains personnages en invoquant les libertés prises de l’artiste mais change le nom de l’œuvre qui devient le Repas Chez Lévi.

En 1575, il réalise pour la salle du Collège du Palais des Doges une fresque intitulée les Allégories de la Vertu et pour la salle du Grand Conseil, le Triomphe de Venise.
La fin de vie de Véronèse
Sur la fin de sa vie, Véronèse abandonne les fresques démesurées pour se spécialiser dans les tableaux d’un format plus restreint et empreint d’une intensité dramatique, comme l’enlèvement d’Europe.
Cependant il participe et remporte le concours pour la représentation du Paradis dans le Palais des Doges, fresque monumental qui ne pourra réaliser, mourant le 19 avril 1588 d’une pneumonie. C’est finalement le Tintoret qui réalise l’œuvre.
Véronèse fut enterré au sein de l’église San Sebastiano lieu symbolique qu’il a décoré tout au long de sa vie.
L’œuvre de Véronèse

Véronèse est associé au courant maniériste qui succède à la peinture de la Renaissance et qui prend sa source en 1527 en réaction au sac de Rome. La peinture de la Renaissance s’était caractérisée par une retranscription fidèle et harmonieuse de la nature. Le maniérisme s’en détache en rompant avec l’exactitude des proportions, des perspectives ou des hombres pour accentuer le côté dramatique ou émotionnel d’une œuvre.

Véronèse est un spécialiste des visages dont il arrive à représenter les sentiments et les émotions fortes. Ces personnages s’intègrent dans des toiles de très grandes tailles, fresques religieuses, mythologiques ou allégoriques, très détaillées.
Sa maîtrise des perspectives lui permet de créer d’incroyables trompes l’œil comme ceux de la villa Barbaro.
Son œuvre est variée et à l’image de celles de Titien ou du Tintoret, et influença bon nombre de grands peintres tels que Velasquez, Rubens, Delacroix ou Cézanne.