Jacopo Robusti, dit Tintoretto ou le Tintoret en français est un célèbre peintre vénitien du XVIème siècle. S’inspirant de Michel-Ange et de Titien, il utilisa sa fougue et son acharnement au travail pour réaliser des œuvres atypiques et démesurées. Portrait de ce maître vénitien.
Le Tintoret, génie précoce de la peinture vénitienne
Jacopo Robusti est né à Venise en 1518. Il doit son surnom de Tintoretto car son père travaillait dans une teinturerie. Il apprend la peinture auprès du maître Titien dont il devient l’élève dès l’âge de quinze ans mais puise également ses inspirations auprès d’autres écoles : florentine, romaine et parmesane. L’élève dépassant peu à peu le maître, Titien le renvoi le considérant alors comme un concurrent ! Il s’installe dans son propre atelier financé par son père et continue son apprentissage seul en s’inspirant des dessins de Michel-Ange et des coloris de Titien. « Le dessin de Michel-Ange et le coloris de Titien », telle est sa devise.
Il travaille d’arrache-pied, jour et nuit, utilise des statues de cire qu’il éclaire à l’aide d’une torche pour analyser les effets d’ombres et de lumière et les techniques de clairs obscurs. Il analyse le vivant, l’anatomie, les corps en mouvement….
Il commence à se faire connaitre en réalisant des portraits et des décorations murales dans des palais. En 1546, il se propose de réaliser deux grandes compositions à l’église Madonna dell’ Orto : l’Adoration du veau d’or et le Jugement dernier. Ces deux œuvres se font remarquées par l’accumulation de personnages, par les contrastes et les jeux de lumières.
Le Tintoret prouve également qu’il peut réaliser des toiles religieuses plus conventionnelles ce qui lui permet de recevoir des commandes du Palais des Doges.
C’est le début de sa gloire avec la réalisation de nombreuses œuvres comme les quatre épisodes de la Légende de Saint Marc.
A partir de 1650, on lui confie la décoration de l’église San-Rocco et de sa Scuola : au final, c’est soixante-cinq œuvres que réalise le Tintoret.
Suite à l’incendie qui ravagea le Palais des Doges en 1577, un concours est organisé pour savoir quel peintre serait en charge de réaliser l’œuvre majeure de la Grande Salle. Véronèse remporte ce concours mais meurt avant de pouvoir commencer, et c’est finalement le Tintoret qui réalisa le Paradis à l’âge de 70 ans avec l’aide de son fils. Ce tableau monumental de 22 mètres de long pour 10 mètres de haut comporte plus de cinq cents figures.
A la fin de sa vie, il se retire au couvent de San Giorgio Maggiore pour lequel il réalise sa « Cène ». Le Tintoret décède peu de temps après, à l’âge de 76 ans, le 31 mai 1594.
Le Tintoret – La Cène (1594)
Le Tintoret et son œuvre démesurée
Le Tintoret réalisa de nombreuses peintures religieuses sur la vie de Jésus et de la Vierge Marie, certaines ayant des tailles impressionnantes. Son style se caractérise par la dimension dramatique donnée aux personnages et aux visages qu’il peint, dont les expressions et les corps semblent en mouvement, et parfois torturés.
Cet improvisateur imaginatif, a cassé les codes de l’époque, s’affranchissant de règles établies et laissant libre part à son tempérament fougueux. Ses tableaux sont marqués par un travail précis sur la lumière et les ombres préalablement réalisé sur des figurines de cire ou de terre cuite.
Son œuvre est monumentale a inspiré les plus grands peintres comme Rubens, Velasquez ou Delacroix. Le Tintoret est le symbole de la transition entre le style Renaissance et le Baroque.